Robert SILVERBERG
Il publie sa première nouvelle à 18 ans et son premier roman, Révolte sur Alpha C, à peine un an plus tard. Il remporte à 20 ans le prix Hugo de l'auteur le plus prometteur. Cette première consécration l'entraîne dans un travail considérable avec, en quelques années (période 1957/1959), l'écriture d'au moins 200 histoires courtes ou nouvelles et une dizaine de romans, la plupart alimentaires, sous de nombreux pseudonymes. En 1958, la faillite de l'American News Company, le principal distributeur de pulps, entraîne dans sa chute un bon nombre de titres. Silverberg est obligé de se diversifier, et va s'essayer à des genres aussi divers que le western, les histoires de super-héros, et même des publications adultes, comme un impérissable Le Sexe dans les armées, ou 1001 questions sur le sexe. Lors des années 1960, il publie ainsi près de 70 ouvrages sur des thèmes historiques ou archéologiques. Il devient aussi un mercenaire fiable pour toutes les revues ayant survécu, notamment grâce à l'entregent de Randall Garrett, auteur mineur, mais qui est une plume de secours bien connue. On dit même que certaines années, à eux-deux, ils ont signé, sous divers pseudonymes, la moitié de tout ce qui était publié. Enfin, Robert Silverberg est président de la Science Fiction and Fantasy Writers of America pendant les années 1967-1968. Puis, au milieu des années 1960 Frederik Pohl, le rédacteur en chef de la revue Galaxy, lui propose un marché unique. Il achète tout ce que Silverberg lui proposera, à condition que celui-ci donne le meilleur de lui-même. S'il retombe dans ses travers de mercenaire de l'édition, le marché sera caduc. L'occasion est trop belle pour Silverberg, qui cherche depuis quelques années déjà à sortir de la spirale mercantile qui l'oblige à fournir encore et encore pour subvenir à ses besoins. Il va mettre à profit cette période pour travailler style et thématiques, et livrer certains de ses meilleurs romans et nouvelles. Ainsi, il écrira L'Homme dans le labyrinthe (1968), au ton sombre et introspectif, L'Oreille interne (1972), où l'on suit David Selig, son héros qui constate avec des sentiments partagés la perte de ses dons télépathiques, et le fabuleux Le Livre des crânes (aussi en 1972), qui rafle de nombreuses récompenses. Cependant, lassé du monde de l'édition qui prend une tournure mercantile qui ne lui plaît guère, Robert Silverberg, après la sortie du rageur L'Homme stochastique, annonce en 1975 qu'il prend sa retraite. Sortira sur un reliquat de contrat, en 1976, le faiblard Shadrak dans la fournaise, un des premiers romans de SF à mettre en scène un héros noir. Une retraite bien occupée. Tout d'abord, il quitte New York pour San Francisco, divorce de sa première femme, et dirige plusieurs anthologies. Puis, en 1979, il revient sur sa décision et entame la rédaction du cycle de Majipoor, œuvre située entre la Fantasy et le space opera. Le roman inaugural, Le Château de Lord Valentin, est un immense succès, et reste à ce jour son livre le plus vendu. Ce cycle comprend sept livres écrits entre 1980 et 2002, et s'il comporte moins d'originalité que ses ouvrages précédents, il possède par contre tous les ingrédients nécessaires à ce genre de saga, avec une étude détaillée des personnages et de leur environnement. Parallèlement, il écrit en 1985 Le Seigneur des ténèbres, une épopée africaine inspirée par son modèle littéraire de toujours, Joseph Conrad, ainsi que l'un des plus fameux romans de la Fantasy, Gilgamesh, roi d'Ourouk, publié en 1989. La décennie des années 1990 reste prolifique avec des ouvrages où la maîtrise technique du genre ne cache guère les priorités alimentaires. Toujours brillant anthologiste, Robert Silverberg participe à la composition de recueils tels Légendes et Horizons lointains. Silverberg fait taire les critiques en 2003 avec la publication de Roma Æterna, une uchronie qui décrit à quoi ressemblerait notre monde si la chute de l'empire romain n'avait pas eu lieu. En France, la quasi intégralité de ses nouvelles auraient dû paraître dans la collection Imagine, dirigée par le regretté Jacques Chambon. La disparition de ce dernier aura arrêté cette initiative au troisième volume. Néanmoins, le quatrième et ultime tome est finalement paru chez J'ai Lu (directement en poche, donc) en septembre 2006 sous le titre Mon nom est Titan. C'est la première fois au monde que ses meilleures nouvelles sont ainsi rassemblées. En mai 2010, les éditions ActuSF (collection Les Trois Souhaits) publient le roman court Les Vestiges de l'automne, qui clôt la trilogie ouverte avec À la fin de l’hiver et La Reine du printemps. On y retrouve aussi le synopsis du roman qui aurait dû achever la trilogie et qui est présenté en édition bilingue. Marié en 1956 à Barbara Brown, le couple se sépare en 1976 et divorce en 1986. Silverberg se marie une seconde fois en 1987 avec Karen Haber, elle aussi auteur de science-fiction. Le couple habite San Francisco. (Wikipédia)