Vous ne le savez sans doute pas, la librairie Scylla dépend depuis 21 ans du régime des micro-entreprises. Vous avez très certainement entendu parler de ce statut cette semaine à cause du vote du budget qui met à mort ce régime. Et dans la foulée celui d'auto-entrepreneur (qui est un copié/collé du premier qui a permis à bon nombre d'éditeurs d'externaliser une partie de leurs salariés comme les correcteurs pour ne citer qu'eux).

En quelques mots, ces statuts très simplifiés permettent d'avoir une activité professionnelle sans s'occuper de déclarer la TVA et de s'en acquiter chaque trimestre, sans obligation de bilan comptable (donc sans avoir besoin de payer un comptable). La seule obligation est de tenir un cahier des ventes, et vous déclarez votre chiffre d'affaires sur une annexe de votre déclaration d'impots. 

En contrepartie, le chiffre d'affaires pour la vente de produits - comme les livres par exemple - est plafonné à 85 000 € par an et on paye un forfait - de l'ordre de 15 % - à l'URSSAF.

Durant la semaine qui vient de passer, de nouvelles infos tombaient chaque jour : 1/ baisse de 5 000€ du plafond pour la vente de produits et augmentation de celui de la vente de services, 2/ plus qu'un seul plafond de CA annuel que ce soit pour les produits ou services à 25 000€ (!!!) bien entendu, sans annonce ni concertation, 3/ suspension de cette partie de la loi pour revenir au plafond de 85 000€.

Suspension, oui, mais jusqu'à quand ? Vous la sentez ma fatigue ?

Si je travaille à la virtualisation complète de la librairie Scylla depuis maintenant plus de 10 ans, c'est parce que ce statut m'a certes permis d'économiser du temps de paperasse pour m'investir dans plusieurs autres projets comme l'édition mais j'ai aussi constaté qu'avec un local à charge, ce n'était pas tenable financièrement à long terme.

Je suis désormais à un an de quitter le local de la rue Riesener tout en trouvant un repreneur pour poursuivre le travail sur l'imaginaire (mais avec un autre statut, rassurez-vous), je mettrai donc tout en œuvre pour conserver ce statut de micro-entreprise.

Et avec un crowdfunding à 20 000€, ça signifierait arrêter de travailler au début du deuxième trimestre si le nouveau plafond fixé à 25 000€ redevient d'actualité.

Action / réaction : j'ai proposé aux instances dirigeantes de l'association Dystopia dont je fais partie depuis 15 ans de coéditer Derrière le grillage. Cette proposition a été acceptée à l'unanimité et acceptée dans la foulée par les artistes et indépendants qui y participent.

Qu'est-ce que ça change ? 

Rien pour les artistes, les contrats signés avec Scylla ne changent pas et la maison leur paiera toutes les sommes prévues. Sur le budget global de 20 000€ que vous pouvez retrouver sur la page de la campagne, la moitié ou presque est destinée à payer l'imprimeur. Dystopia règlera donc cette grosse facture et Scylla tout le reste. Ce qui signifie que le recueil pourra exister dès 10 000€ récoltés. Et comme le tirage sera de 2000 exemplaires, on se partagera les stocks de livres et il y aura nos deux logos en première page... 

Si vous avez déjà participé au financement, ça ne change rien pour vous non plus. Scylla se chargera des envois et de la mise à disposition rue Riesener comme prévu.

Au final, cette coédition me permet de rester plus facilement sous le plafond des 25 000€ si celui-ci est imposé en cours d'année comme je le crains ET d'avoir terminé le financement du recueil dès que la jauge aura franchi le cap des 50%. Je n'étais déjà pas inquiet pour les 20 000€, connaissant la communauté qui suit et soutient Scylla depuis de nombreuses années, d'autant plus que les originaux des illustrations n'ont pas encore été mis en vente. Mais avec seulement 10 000€ à réunir pour réussir cette campagne, ça devrait rassurer les plus inquiets d'entre-vous qui attendent que le projet soit financé pour participer.

Nous sommes donc à 2 709€ du but pour attaquer cette nouvelle semaine. On y va !