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En ce moment et jusqu'au 30 avril :
Crowdfunding pour le roman TysT de luvan

 


 

Aujourd'hui : 19,30 % de l'objectif atteint
 

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Après luvan, c'est au tour de Melville de nous parler un peu de son travail sur TysT.

Scylla : Peux-tu nous dire comment tu as lu TysT pour la première fois et comment tu en es venue à créer un jeu pour l'ajouter au roman ?
Melville : Si je me souviens bien, luvan, que je connaissais déjà et avec qui j'avais déjà partagé quelques tablées virtuelles de jeu de rôle, m'a demandé fin 2020 si je voulais bien écrire un jeu pour accompagner le roman. Elle m'avait déjà parlé de TysT comme d'une gaimanerie finistérienne, et, Bretonne en exil et passionnée de l'œuvre de Neil Gaiman (j'ai moi-même publié une sorte de lettre d'amour à Neverwhere), la tentation était forte. J'ai demandé à lire préalablement le roman pour me faire une idée de ce que je pourrais proposer ludiquement, et j'ai bien rapidement dû me résoudre à me le lire à voix haute. L'écriture de luvan me fait souvent ça : elle m'hypnotise, et je me perds dans les images qu'elle convoque et les pensées qui en émergent si je n'ai pas le fil de ma propre voix pour trouver mon chemin. 

J'ai lu le roman alors que je venais de m'installer à Bruxelles et que j'étais assez isolée. C'était l'hiver, il faisait sombre et je partageais un grand appartement avec deux chats. Il y a eu quelque chose de très intime avec le personnage principal, qui circule elle-même à travers une frontière, et existe en quelque sorte loin du monde. Je m'intéressais par ailleurs à la mouvance des jeux de rôle solo, et je crois que tout ça a tissé une sorte d'écheveau évident dans ma tête : s'il y avait un jeu de rôle à proposer pour accompagner TysT, ce devait être un jeu solitaire.

Scylla : C'est la première fois que tu crées un jeu à partir d'un roman ? Ça complique ta création ou ça la rend plus facile ?
Melville : Comme je disais, j'ai signé Legends of the Underground Table, qui est sous forte influence de Neverwhere, et puis de façon générale, je me nourris de nombreuses inspirations quand je crée. Le jeu de l'Éveillée, cependant, est ma première commande d'un jeu directement dérivé d'un roman. Instinctivement, je dirai que ça complique le travail, puisqu'il faut à la fois réussir à proposer un dispositif ludique qui colle avec l'œuvre originale, mais aussi que la proposition parle à la romancière. Avec luvan, j'ai eu beaucoup de chance parce qu'elle a tout de suite senti où je voulais aller quand j'ai proposé un jeu solo assez conceptuel. Traditionnellement, les adaptations de romans en jeu de rôle reposent sur une grande partie assez encyclopédique, afin de proposer aux joueuses d'incarner des personnages qui explorent un univers fictionnel bien établi. Avec l'écriture poétique toute en suggestions de luvan, ça ne me paraissait pas approprié, je voulais qu'on puisse retrouver le feeling du roman. Il fallait un jeu où l'on erre, où l'on trouve du sens dans des associations d'idées, où l'on traverse la frontière entre réel et fiction. Le jeu de l'Éveillée essaye donc de proposer ça : une réappropriation du roman, pour que chaque lectrice puisse devenir à son tour une Éveillée et découvrir sa propre quête, sa propre magie. Pour moi, TysT a quelque chose du journal de bord, ce que j'ai voulu donner à réimaginer avec le jeu. 

Scylla : Dans TysT, comme dans ta réponse, le féminin l'emporte au pluriel, est-ce que cette règle a eu un impact sur la création de ton jeu ?
Melville : Non, pas du tout. C'est une pratique de plus en plus courante dans les franges indé du jeu de rôle que d'utiliser le féminin pour désigner les joueuses. Ça permet de transmettre des messages en matière d'inclusivité, d'abord, et puis c'est aussi assez pratique quand il s'agit de distinguer joueuses et personnages, par exemple. Quand les aspects pratiques et antisexistes se rencontrent, je crois que beaucoup de monde y gagne. En tout cas c'est comme ça que j'écris depuis déjà quelques années, on peut donc retrouver cette convention dans une partie non négligeable de mes publications. Par contre pour ce coup-ci, je me suis laissé dire que j'aurais dû prévenir la relectrice...

Scylla : Qu’avais-tu lu de luvan avant de participer à ce projet ? Qu’as-tu trouvé de particulier à TysT ?
Melville : Avant j'ai lu Susto et Agrapha. Pour moi l'écriture de luvan est d'un abord assez difficile, mais si on accepte de se laisser porter par la dimension poétique de son phrasé, on peut se laisser emporter par des textes qui laissent une grande part d'interprétation à la lectrice. C'est, comme je le disais précédemment, quelque chose qui me fait vite perdre le fil de récit lui-même, et la lecture à haute voix a été pour moi un outil précieux de concentration. Concernant TysT, je crois qu'il y a un truc thématique qui me parle très fort. Je suis née en bord de mer en Bretagne. Les paysages, même les paysages imaginaires du roman, me sont familiers. C'est mon terreau originel, l'endroit où encore aujourd'hui je trouve l'inspiration, sur le chemin des douaniers, à la lisière de la mer, de la forêt et du granit. Cette familiarité m'a permis de me projeter plus facilement que dans les ouvrages précédents, de me bricoler mes petits territoires mentaux, d'en observer les étendues depuis l'épaule de Sauda, comme une passagère clandestine.

Pour garder le contact avec Melville : son site.

La campagne est en cours : vous avez jusqu'au 30 avril pour qu'on atteigne 100 % et que TysT paraisse en décembre 2022.